Souviens-toi !

Sur la pente enneigée quelques arbustes sombres et rabougris

Se détachaient sur la laiteuse blancheur hivernale de ce morne après-midi.

Le cœur palpitant sous l’effort de la marche dans l’épaisse poudreuse,

Nous étions joyeux à l’idée de ramener un bel arbre pour cette nativité prometteuse !

Souviens-toi !

Nos yeux voyaient de beaux petits sapins symbole d’une nativité idéale,

Nous ne savions lequel choisir, tous étaient bannière d’harmonie familiale

Et pourtant le petit arbrisseau que nous ramenions péniblement sur le vélo

N’était qu’un vulgaire conifère, mais il était pour nous le plus beau !

Souviens-toi !

Ramener le petit résineux chez nous était toute une grande aventure,

Car il nous fallait  revenir chargés des poids de ces ramures

Nous arrivions exténués et ravis dans notre mansarde chichement tiédie

Là, dans l’attente, notre fratrie nous regardait les yeux éblouis.

Souviens-toi !

Notre sapin était enfin dressé, coincé entre la porte et la cheminée,

Pour ornement nous le saupoudrions de quelques ouates effilochées,

Qu’il était beau cet odorant épicéa dans sa superbe robe épineuse,

C’était pour nous, il est vrai, une des périodes les plus heureuses.

Souviens-toi !

José Romero-Martinez

A vous, ma fratrie!